Écrire un article pour contribuer à un abécédaire implique le goût
de la participation à l’œuvre commun, autant que du dépassement
de soi. Ainsi, chaque auteur s’invite à mettre à bas quelques
prétentions, ici indécentes, pour asseoir la construction
qui s’annonce sur une fondation collective, car l’édifice
doit survivre à tous.
Mais, bien plus que la bâtisse ou le livre, ce qui importe est
de questionner le lien social et son possible devenir, comme
la charge pesante de ses incertitudes. Le bien commun n’est pas
la bâtisse ou le livre, simples supports, mais bien plutôt ce sur quoi ils ouvrent.
Ici, donc, quelque peu effacé, je me suis attaché à traiter d’urbanité,
ce mot bien étrange et multiple qui arbore la prétention de vouloir expurger
les lieux et les esprits de toute affection barbare. Mais toute étiquette, même mondaine, a deux faces…
Alors, tentons la réconciliation, cette idée simple qui vaut bien une cathédrale.
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• Premières lignes :
L’urbain fait le mur ?
« L'urbanité est cette belle idée italienne qui confronte le geste ample et souple de l'esthète à cet art délicat (et premier) du savoir-vivre : en vérité, une sorte de modèle, voire de dentelle. Initialement caractérisée comme exigence de pureté du langage, fièrement désirée et pratiquée par les habitants de Rome pour se démarquer du reste du monde connu, ce raffinement certain s'appliqua aussi à leur cadre de vie. Car l'urbanité recherche autant la distinction d'une parole que celle d'un espace, et cette marque civile est à rapprocher du soin qu'avait pris l'empire de border ses frontières d'une frange de peuples soumis, pour se protéger mieux des engeances barbares. Pour sûr, urbain rime avec romain.
Tout une histoire : après celui de l'araire et de la charrue, le travail de la terre passe par celui des mots pour la transformer en territoire, là où le fleuve et le mont prennent nom, là où les clans et les ethnies s'agrègent, là où le carrefour fait tellement sens qu'il en agglutine le logis, la fabrique, le commerce et le temple (la banque, elle, est partout et nulle part) : le sol et la langue s'épousent alors si densément, qu'ils créent cette dynamique de l'espace urbain, cet envol de la ville. L'urbanité est donc cette fleur du pavé destinée à exprimer le meilleur de cette agglomération. Il est donc, ici, question du lieu autant que du verbe… »
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[ Abécédaire de la réconciliation, article Urbanité, p. 111 à 123 ]
• Abécédaire de la réconciliation
par Robert ZARADER and Co
Éditions du Bord de l’eau
Mai 2012
Format : 12x19cm / 180 pages
ISBN : 978-2-35687-184-8
12 €
Abécédaire
de la réconciliation
Page 4 de couverture :
« Alors que l’on assiste à une remise en cause profonde
du capitalisme financier et des logiques consuméristes, les modèles coopératifs/mutualistes se montrent capables de «réconcilier»
les différents enjeux de nos sociétés : économiques, sociaux, sociétaux, environnementaux, politiques… ou tout au moins d’y participer… De nouvelles notions comme l’échange, la convivialité, la gentillesse, la proximité, etc. ont fait irruption dans
le questionnement sur le lien social et son devenir.
On assiste aujourd’hui à l’émergence de nouveaux modèles
de pensée qui proposent des voies de sortie de crise et réinterrogent différentes valeurs comme des leviers essentiels pour enfin réussir cette sortie de crise (altruisme, don, justice…).
Equancy&co veille ces sujets, et se positionne aujourd’hui comme un observateur pertinent de ces transformations en cours, de leur identification, de leur interprétation et de leur diffusion.
Le mot « réconciliation » légèrement «chatouilleur» peut lui-même faire débat… Mais nous serons là pour y répondre et pour
le défendre ! »
don
justice
gentillesse
travail
durable
urbanité
altruisme
zéro
finance
indignés
optimisme
convivialité
bien commun
proximité
noir et blanc
échange
réseaux
art
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